Souvent dans vos commentaires revient le thème du... retour ! Un mot qui sonne presque comme le glas, une sorte de sombre menace qui pèserait sur nos moments heureux. Et pourtant, ce n'est pas du tout de cette façon que nous le vivons et que nous l'attendons.
A vrai dire, depuis quelques temps, nous nous sentons à l'étroit sur Tahiti. Trop loin de tout, trop isolés. Papeete est loin d'être une mégalopole vous savez, plutôt une morne petite ville de province, dans laquelle il ne se passe pas grand chose...
Pour autant, nous vivons une année merveilleuse, chaque voyage dans les îles est un moment de pur bonheur, les polynésiens sont des gens remarquablement gentils et leur culture est très riche et vivante, nous adorons aller à la plage plusieurs fois par semaine, j'adore me baigner dans notre petite piscine avec Luna quotidiennement, et les ballades au marché de Papeete sont toujours des moments pleins de couleurs et d'odeurs que je n'oublirai jamais. Sans compter que nous commençons tout juste à nouer des relations avec des gens qui vivent ici, et pas seulement avec des gens en transit.
La Polynésie est en nous pour toujours et nous a marqués, ça c'est une évidence.
Mais nous sommes tellement, tellement heureux et impatients de rentrer et de retrouver nos proches ! Vous pensez que l'hiver, la neige et la grisaille nous effraient ? Nous avons quand même vécu 30 ans en France... en région parisienne... ne l'oubliez pas ! Cette nouvelle vie en France, même si elle peut faire un peu peur, nous l'avons choisie, c'est la notre, même si nous avons eu
envie, pendant quelques temps, de vivre autre chose ailleurs. Et puis nous ne serons qu'à quelques heures de tout, puisque nos amis et nos familles sont dispersés dans la France entière. Après avoir vécu à 20,000km, plus rien ne nous semblera loin. C'est vrai, qu'est-ce que 3 ou 4 heures de voiture ou même 8 quand il faut 24h d'avion pour rejoindre Tahiti ?
C'est vrai que beaucoup de choses de la Polynésie nous manqueront (et que plein d'autres choses ne nous manqueront pas). Et puis si cette vie ne nous plait pas, nous essaierons ailleurs, ou nous reviendrons. Nous n'avons plus tellement peur du changement, du mouvement.
Bien sur comme le départ approche, la tristesse de quitter ce pays que nous avons appris à aimer augmente. Nous nous sommes même demandés plusieurs fois, au cours de l'année et encore récemment, si nous n'allions pas rester, ne serait-ce que 6 mois de plus. Les offres de boulot ne manquaient pas pour Rafi, et puis les quelques voyages que nous n'avons pas pu faire nous tendaient les bras, et puis le soleil, la douceur de vivre... Rien que l'idée de partir ça nous serre le coeur, ça nous retourne l'estomac, comme un sentiment d'urgence qui nous étouffe soudainement et nous chuchote : est-ce que j'ai bien profité ? Est-ce que j'ai vu tout ce que je voulais voir ? Est-ce je veux vraiment partir ? Est-ce que je reviendrai un jour ? Et on reste un peu les bras ballants, pas envie d'appeler les sociétés de fret, pas envie de mettre la voiture en vente, pas envie de trier ce qui reste et ce qui part. En même temps, le cerveau s'emballe : qu'est-ce que je ramène ? Quels souvenirs ? Comment vivre en France avec un peu de Polynésie autour de nous, en nous...
Et puis bon, au fond, nous savons que ce qui nous fait rentrer, c'est ce qu'il y a de plus important : la famille, les amis, les proches, notre attachement viscéral à un pays qui est le notre.
Tout ça pour vous dire que oui, nous sommes tristes de quitter la Polynésie, et non, nous ne sommes pas tristes de rentrer en France, nous sommes même plutôt impatients... A vrai dire le seul vrai problème que nous avons est : comment faire pour remettre des chaussures fermées alors que nous avons vécu un an en tong ??